Les recherches de Valérie Schurdi-Levraud portent sur les bases génétiques des interactions entre les plantes et les virus dans un contexte de stress multiples. Il y a une dizaine d'années, le pôle de compétitivité Agri Sud-Ouest Innovation attire son attention sur une plante encore peu connue en France, Stevia Rebaudiana, en la mettant en contact avec la start-up lot-et-garonnaise Oviatis. « La stevia est une plante à haute valeur ajoutée, explique Valérie Schurdi-Levraud, dont on connaît bien le haut pouvoir sucrant mais encore peu ses multiples qualités qui pourraient s’avérer intéressantes, notamment en cancérologie. C’est ce que l’on appelle une espèce orpheline : elle n’est pas du tout développée en France et les recherches la concernant, en termes de génétique, d'amélioration, d'itinéraires culturaux, restent très peu documentées, tout est à construire. Nous cherchons à optimiser une production locale, durable, à valoriser l’intégralité de la plante pour ne pas avoir de déchet, et à améliorer sa sélection pour mettre à la disposition des agriculteurs des génotypes adaptés, productifs et résilients. »
L’effet levier du LabCom
Pendant ses dix ans de collaboration avec Oviatis, la chercheure a notamment dirigé trois thèses CIFRE avec financements, dont la dernière est en train de se conclure. La première doctorante, Cécile Hastoy, a soutenu sa thèse en sciences de la vie et de la santé en 2018, avant d’être recrutée par la start-up en tant que responsable recherche et développement. « Une belle réussite pour l’équipe », se réjouit Valérie Schurdi-Levraud.
Pour conforter et pérenniser ce partenariat fructueux entre son laboratoire Biologie du fruit et pathologie (BFP – INRAE et université de Bordeaux) et l’entreprise Oviatis, la chercheure a créé en 2023 le LabCom ANR Selectvia, labellisé par Agri Sud-Ouest Innovation. Ce laboratoire commun a d’ores et déjà démontré son effet levier pour l’obtention de financements : l’équipe a pu déposer des projets régionaux, un assistant ingénieur a été recruté, ainsi qu’un post-doctorant.
De leur côté, les agriculteurs jouent le jeu en prêtant des parcelles au LabCom pour qu’il réalise des tests et mette en œuvre des procédés grandeur nature.